Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/252

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établiſſemens, qui, depuis quelques années, avoit pris trop de conſiſtance, au gré de la métropole.

L’attente du miniſtère fut généralement trompée. Un acte de rigueur en impoſe quelquefois. Les peuples qui ont murmuré tant que l’orage ne faiſoit que gronder au loin, ſe ſoumettent ſouvent lorſqu’il vient à fondre ſur eux. C’eſt alors qu’ils pèſent les avantages & les déſavantages de la réſiſtance ; qu’ils meſurent leurs forces & celles de leurs oppreſſeurs ; qu’une terreur panique ſaiſit ceux qui ont tout à perdre & rien à gagner ; qu’ils élèvent la voix, qu’ils intimident, qu’ils corrompent ; que la diviſion s’élève entre les eſprits, & que la ſociété ſe partage entre deux factions qui s’irritent, en viennent quelquefois aux mains, & s’entr’égorgent ſous les yeux de leurs tyrans qui voient couler ce ſang avec une douce ſatiſfaction. Mais les tyrans ne trouvent guère de complices que chez les peuples déjà corrompus. Ce ſont les vices qui leur donnent des alliés parmi ceux qu’ils oppriment. C’eſt la molleſſe qui s’épouvante & n’oſe faire l’échange de ſon repos contre des périls honorables. C’eſt la