Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/306

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les peuples alors privés de preſque tous les avantages du gouvernement, n’en ont plus que les malheurs & les vices.

La nature n’a pas créé un monde pour le ſoumettre aux habitans d’une iſle dans un autre univers. La nature a établi des loix d’équilibre qu’elle ſuit par-tout, dans les cieux comme ſur la terre. Par la loi des maſſes & des diſtances, l’Amérique ne peut appartenir qu’à elle-même.

Point de gouvernement ſans une confiance mutuelle, entre celui qui commande & celui qui obéit. C’en eſt fait, ce commerce eſt rompu ; il ne peut renaître. L’Angleterre a trop fait voir qu’elle vouloit nous commander comme à des eſclaves ; l’Amérique, qu’elle ſentoit également & ſes droits & ſes forces. Chacune a trahi ſon ſecret. Dès ce moment plus de traité. Il ſeroit ſigné par la haine & la défiance, la haine qui ne pardonne pas, la défiance qui de ſa nature eſt irréconciliable.

Voulez-vous ſavoir quel ſeroit le fruit d’un accommodement ? votre ruine. Vous avez beſoin de loix ; vous ne les obtiendrez pas. Qui vous les donneroit ? La nation An-