Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
315
des deux Indes.

le ſuccès, il auroit fallu que pendant qu’une armée deſcendroit le fleuve, l’autre armée le remontât. Cette combinaiſon ayant manqué, Bourgoyne devoit ſentir, dès les premiers pas, que ſon entrepriſe étoit chimérique. À chaque marche, elle le devenoit davantage. Ses communications s’alongeoient ; ſes vivres diminuoient ; les Américains reprenant courage ſe raſſembloient de toutes parts autour de lui. Enfin ce malheureux corps d’armée ſe trouva enveloppé le 13 octobre à Saratoga ; & les nations apprirent avec étonnement que ſix mille ſoldats des mieux diſciplinés de l’ancien hémiſphère avoient mis les armes bas devant les agriculteurs du nouveau, conduits par l’heureux Gâtes. Ceux qui ſe rappelloient que les Suédois de Charles XII juſqu’alors invincibles avoient capitulé devant les Ruſſes encore barbares, n’accuſoient pas les troupes Angloiſes, & blâmoient ſeulement l’imprudence de leur général.

Cet événement, ſi déciſif au jugement de nos politiques, n’eut pas plus de ſuite que n’en avoient eue les actions moins favorables aux armes Américaines. Après trois ans de