Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/86

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Les troubles qui avoient récemment bouleversé cet établiſſement, l’enhardirent à propoſer un règlement qui condamneroit à un an de priſon & à une amende de 11 250 liv. tous les citoyens qui parleroient ou qui écriroient contre leur gouverneur ; à trois mois de priſon, & à une amende de 2 250 l. ceux qui parleroient ou qui écriroient contre les membres du conſeil ou quelqu’autre magiſtrat.

Ce Colepepper avoit-il donc peur qu’on doutât des vices de l’adminiſtration & de l’infidélité des adminiſtrateurs ? En quels lieux du monde les peuples n’ont-ils pas tiré les mêmes conséquences du ſilence qu’on leur impoſoit ? Eſt-ce l’éloge ou le blâme qu’on redoute de celui à qui l’on ordonne de ſe taire ? Ces défenſes calomnient le gouvernement, s’il eſt bon ; puiſqu’elles tendent à perſuader qu’il eſt mauvais. Mais comment réuſſir à les faire obſerver ? Peut-on ignorer qu’il eſt dans la nature de l’homme de ſe porter aux actions, du moment où l’on y attache de la gloire en y attachant du péril ? L’opprimer & l’empêcher de gémir & de ſe plaindre, c’eſt une atrocité contre laquelle