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livre ii, épitre ii.

mes défauts me plaisent ou ne me soient pas connus, plutôt que d’être plein de bon sens et de me ronger ainsi.

Il y avait à Argos un homme de bonne race qui, croyant entendre d’excellents tragédiens, se plaisait à s’asseoir et à applaudir dans le théâtre vide ; s’acquittant d’ailleurs exactement des autres devoirs de la vie, bon voisin, hôte aimable, doux pour sa femme, sachant pardonner à ses esclaves, ne se mettant point en fureur pour le cachet brisé d’une bouteille, et pouvant éviter un rocher ou l’ouverture d’un puits. Dès qu’il eut été guéri par les soins et les dépenses de ses parents, que l’ellébore pur eut chassé son mal, éclairci sa bile et l’eut rendu à lui-même : — « Hélas ! mes amis, vous ne m’avez pas sauvé, vous m’avez tué, dit-il, en me retirant ma joie, en m’arrachant l’erreur si chère à mon esprit ! »

Certes, il faut enfin être sage et rejeter les ba-