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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IV.djvu/599

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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

Ce chapitre donne les raisons qui ont déterminé Pontmercy à se séparer de son fils. Citons, à ce propos, une note de travail d’octobre 1860 :


Peindre l’arrachement de Marius à son père en évitant la ressemblance avec la douleur de Fantine perdant Cosette et de Jean Valjcan perdant Cosette.


Feuillet 717. — Page de copie, mise au net des passages les plus embrouillés du manuscrit.


Feuillet 721. — IV. Fin du brigand.

Les quelques lignes du testament relatif à Thénardier ont été ajoutées en marge.

Au verso, un passage rayé ; il s’accorde avec la suite de la version de 1847 ; nous le citons :


…Il était revenu à Paris et s’était remis à son droit.

Un jour il vit dans la maison une servante qui cherchait M. Gillenormand.

— Que lui voulez-vous ? demanda Thomas[1].

— Monsieur m’a donné un de ses vieux habits, répondit la servante. Il ne s’est pas souvenu qu’il y avait des papiers dans les poches, je le cherche pour les lui rendre.

— Donnez-les-moi, dit Thomas, je les lui remettrai.

La servante lui donna les papiers ; Thomas les jeta négligemment dans un tiroir. Au moment où il allait refermer ce tiroir, son regard tomba sur ces paperasses, et il reconnut l’écriture de son père.


En rapprochant ce passage d’une note de travail prise au coin d’une convocation de la Chambre des pairs (1847), on peut présumer que ce n’était pas seulement sa rencontre avec Mabeuf qui ouvrait les yeux à Marius et déterminait la brouille entre le petit-fils et le grand-père, mais aussi la lecture des lettres du colonel Pontmercy :


C’étaient les lettres de son père, les mêmes qu’il avait vu tant de fois M. Gillenormand mettre dans sa poche sans les lire.

La curiosité le prit, un autre instinct peut-être le poussa. — Voyons ce que c’est, dit-il, et il en déplia une qu’il lut.


Dans ce chapitre, le nom de Mabeuf est écrit au-dessus de : Babeuf.

Au feuillet suivant, deux lignes biffées remplaçaient tout le récit du voyage de Marius à Vernon. Quelques mots restent illisibles sous les ratures.


Marius…, vit le curé, et passa quatre heures a genoux sur la fosse de son père.


Feuillet 722, verso. — VI. Ce que c’est que d’avoir rencontré un marguillier.

À travers les transformations des idées politiques de Marius, on se rend compte par les ratures de la divergence d’opinions entre le Victor Hugo républicain et proscrit et le poète qui avait publié le Retour de l’Empereur sept ans avant d’avoir écrit ce chapitre. Ainsi cette histoire « où Marius venait de mettre les yeux » ne « l’effarait » pas, mais l’éblouissait.

Quelques lignes plus bas, Marius « voit la révolution et l’empire se résumer dans deux faits énormes, la république dans la souveraineté du droit civique restituée aux masses, l’empire dans la souveraineté de l’idée française imposée à l’Europe ».

  1. Dans le manuscrit de 1847 le nom de Marius est toujours écrit en surcharge à Thomas.