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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/200

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HISTOIRE DES BERBÈRES.

commandement des Douaouida. Ce nouveau chef traita le gouvernement hafside avec beaucoup de hauteur, et permit à son peuple de commettre tant de brigandages dans les terres de l’empire qu’El-Mostancer rompit le traité qu’il avait fait avec eux, et marcha en personne pour les châtier. A ses troupes almohades il avait réuni les Arabes soleimides et les Aulad-Açaker, frères des Douaouida. Le cheikh Abou-Hilal-Eïad-Ibn-Mohammed-el-Hintati, gouverneur de Bougie, commandait l’avant-garde de l’armée hafside. Le sultan eut alors l’adresse d’attirer dans son camp les principaux chefs des Douaouida, dont voici les noms : Chibl-Ibn-Mouça, Yahya, frère de Chibl, Sebâ-Ibn-Yahya-Ibn-Doreid-Ibn-Masoud, Haddad-Ibn-Moulahem-Ibn-Khanfer-Ibn-Masoud, Fadl-Ibn-Meimoun-Ibn-Doreid-Ibn-Masoud et Doreid-Ibn-Tazîr, chef des Aulad-Nabet, branche de la tribu de Kerfa. Aussitôt qu’ils se furent présentés devant lui, il les fit tous décapiter. Cette exécution eut lieu à Zeraïa, au même endroit où ils avaient prêté le serment de fidélité à Abou-Ishac d’abord, et ensuite à El-Cacem, fils d’Abou-Zeid, autre prince hafside qui avait passé chez eux pour les engager dans une révolte. Aussitôt après la mort de leurs chefs, tous ces nomades s’enfuirent jusqu’à l’extrême frontière du Zab.

Chibl-Ibn-Mouça laissa un fils en bas-âge nommé Sebâ. Cet enfant fut élevé sous la tutelle de son oncle Moulahem-Ibn-Mouça ; de sorte que le droit de commander à la tribu resta toujours dans la famille. Sebâ-Ibn-Yahya laissa aussi un enfant qui fut élevé par les soins de Talha-Ibn-Yahya, frère de Sebâ.

Les Douaouida se réfugièrent dans le Maghreb après la mort de leurs chefs, et entrèrent au service des souverains de la race zenatienne : les Aulad-Mohammed se rendirent à Fez, auprès de Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack, et les Aulad-Sebâ allèrent trouver Yaghmoracen-Ibn-Zîan, à Tlemcen. Ayant reçu de ces princes des vêtements et des montures [ils restèrent en Maghreb], jusqu’à ce que leur état se fût amélioré et que leurs troupeaux de chameaux se fussent multipliés ; puis, ils s’y prirent avec tant d’adresse qu’ils réussirent à pénétrer dans leur ancien territoire et à s’emparer de quelques parties du Zab. Ils enlevèrent alors