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LEUR ORIGINE.

Tous les généalogistes arabes s’accordent à regarder les diverses tribus berbères dont j’ai indiqué les noms, comme appartenant réellement à cette race ; il n’y a que les Sanhadja et les Ketama dont l’origine soit pour eux un sujet de controverse. D’après l’opinion généralement reçue, ces deux tribus formaient partie des Yémenites qu’Ifrîcos établit en Ifrîkïa lorsqu’il eut envahi ce pays.

D’un autre côté, les généalogistes berbères prétendent que plusieurs de leurs tribus, telles que les Louata, sont Arabes et descendent de Himyer, et que les Hoouara le sont aussi, et proviennent de [la souche de] Kinda par [la branche de] Sekacek. Les généalogistes zenatiens font remonter leur origine aux Amalécites qui s’étaient échappés, par la fuite, aux Israélites. Quelquefois, cependant, ils représentent leur peuple comme un dernier reste des Tobba. Il en est de même avec les Ghomara, les Zouaoua et les Meklata ; leurs propres généalogistes les disent issus de Himyer.

Quand j’exposerai en détail les ramifications de chacune des tribus que je viens de nommer, j’aurai l’occasion de rappeler ces prétentions à une origine arabe ; prétentions que je regarde comme mal fondées ; car la situation des lieux qu’habitent ces tribus et l’examen du langage étranger qu’elles parlent, constatent suffisamment qu’elles n’ont rien de commun avec les Arabes. J’en excepte seulement les Sanhadja et les Ketama, qui, au dire des généalogistes arabes eux-mêmes, appartiennent à cette nation ; opinion qui s’accorde avec la mienne.

Ayant maintenant terminé notre chapitre sur la généalogie et l’origine des Berbères, nous commencerons à exposer en détail les ramifications et l’histoire de chacune de leurs familles. Nous nous bornerons toutefois à celles des Beranès et des Botr qui ont donné naissance à des dynasties ou joui d’une certaine célébrité dans les temps anciens, et à celles dont la population s’est maintenue jusqu’à notre époque et s’est répandue sur la surface du globe. Nous traiterons d’elles selon l’ordre de leurs ramifications, en y employant les matériaux que d’autres nous ont transmis et les traditions que nous avons nous-mêmes recueillies.