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LEUR CARACTÈRE.

Thabet-Ibn-Mendîl, émir des Maghraoua établis sur le Chélif, et celui d’Ouzmar[1]-Ibn-Ibrahîm, chef des Beni-Rached ; tous princes contemporains, tous ayant travaillé, selon leurs moyens, pour la prospérité de leur peuple et pour leur propre gloire.

Parmi les chefs berbères voilà ceux qui possédèrent au plus haut degré les brillantes qualités que nous avons énumérées, et qui, tant avant qu’après rétablissement de leur domination, jouirent d’une réputation étendue, réputation qui a été transmise à la postérité par les meilleures autorités d’entre les Berbères et les autres nations, de sorte que le récit de leurs exploits porte tous les caractères d’une authenticité parfaite.

Quant au zèle qu’ils déployèrent à faire respecter les prescriptions de l’islamisme, à se guider par les maximes de la loi et à soutenir la religion de Dieu, on rapporte, à ce sujet, des faits qui démontrent la sincérité de leur foi, leur orthodoxie et leur ferme attachement aux croyances par lesquelles ils s’étaient assurés la puissance et l’empire. Ils choisissaient d’habiles précepteurs pour enseigner à leurs enfants le livre de Dieu ; ils consultaient les casuistes pour mieux connaître les devoirs de l’homme envers son créateur ; ils cherchaient des imams pour leur confier le soin de célébrer la prière chez les nomades et d’enseigner le Coran aux tribus ; ils établissaient dans leurs résidences de savants jurisconsultes, chargés de remplir les fonctions de cadi ; ils favorisaient les gens de piété et de vertu, dans l’espoir de s’attirer la bénédiction divine en suivant leur exemple ; ils demandaient aux saints personnages le secours de leurs prières ; ils affrontaient les périls de la mer pour acquérir les mérites de la guerre sainte ; ils risquaient leur vie dans le service de Dieu, et ils combattaient avec ardeur contre ses ennemis.

Au nombre de ces princes on remarque au premier rang Youçof-Ibn-Tachefîn et Abd-el-Moumen-Ibn-Ali ; puis viennent leurs descendants et ensuite, Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack et ses enfants. Les traces qu’ils ont laissées de leur administration attestent le soin qu’ils avaient mis à faire fleurir les sciences,

  1. Dans le chapitre des Beni-Rached ce nom est écrit Ouenzemmar.