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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/437

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IBN-ABD-EL-HAKEM.

de l’obscurité pour y pénétrer. Les habitants s’étaient retirés dans leurs souterrains pour dormir, pensant qu’ils n’avaient plus aucun danger à appréhender. Ocba égorgea tous les hommes en état de combattre, et s’étant emparé des enfants et des richesses renfermées dans la ville, il rebroussa chemin.

Arrivé à l’endroit où la ville de Zouîla s’élève aujourd’hui, il se dirigea, de là, vers le principal corps de son armée, après une absence de cinq mois. En arrivant, il en trouva les chevaux et les bêtes de somme parfaitement reposés, et il se mit en marche pour le Maghreb. Evitant la grande route, il traversa le territoire occupé par la tribu de Mezata. Ayant emporté tous les châteaux qui s’y trouvaient, il se tourna vers…[1] dont il prit toutes les forteresses, et, de là, il expédia un corps de cavalerie à Ghadams. Quand ce détachement rejoignit le corps de l’armée, après s’être emparé de Ghadams, Ocba marcha sur Cafsa, qu’il prit ainsi que Castîlïa ; puis, il se dirigea vers Cairouan. Cette ville, fondée par son prédécesseur, Moaouïa-Ibn-Hodeidj, ne lui plut nullement, et remontant à cheval, il conduisit tout son monde à l’endroit que la ville actuelle du même nom devait occuper. C’était une grande vallée, remplie d’arbustes et de plantes rampantes, qui servait de repaire aux bêtes féroces et aux hiboux. Arrivé là, il cria à haute voix : « Habitants de cette vallée ! éloignez-vous, et que Dieu vous fasse miséricorde ! Nous allons nous fixer ici. » Il fit cette proclamation trois jours de suite, et toutes les bêtes sauvages et tous les hiboux évacuèrent la place. Il ordonna alors de déblayer le terrain et de le partager en lots ; puis, y ayant transporté le peuple, il abandonna la ville bâtie par Ibn-Hodeidj. Alors, plantant se lance en terre, il s’écria : « Voici votre cairouan (station de caravane). »

El-Leith-Ibn-Sâd raconte le même événement de la manière suivante : « Ocba-Ibn-Nafê fit une expédition en Ifrîkïa, et étant arrivé avec ses compagnons à la vallée de Cairouan, il y passa la nuit. Le lendemain, il se plaça à la tête de la vallée et prononça ces paroles : « Habitants de cette vallée ! éloignez-vous ! Nous

  1. Dans les manuscrits, le nom de ce lieu est omis.