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APPENDICE.

il distribua des armes aux soldats et leur accorda les gratifications d’usage. Ceci se passa dans le mois de moharrem de l’an 27 de l’hégire (octobre 647). Othman monta alors en chaire, et adressant la parole aux troupes, il les exhorta à combattre pour la cause de Dieu. Son discours se termina par ces paroles : « J’ai mis à votre tête Merouan, fils d’El-Hakem ; il vous conduira auprès d’Abd-Allah-Ibn-Sâd qui doit alors prendre le commandement, et maintenant je vous recommande à la garde de Dieu ! »

L’armée, étant arrivée en Égypte, opéra sa jonction avec un corps considérable qu’Abd-Allah-Ibn-Sâd avait rassemblé ; aussi le nombre des combattants se trouva porté à vingt mille. Ibn-Sâd nomma alors Ocba, fils de Nafê, son lieutenant en Égypte, et partit lui-même avec les troupes de l’expédition.

Nous donnerons ici, d’après Ez-Zohri, le récit suivant que lui avait fait Rebiâ, fils d’Abbad, de la tribu d’Ed-Dîl[1]. « A notre arrivée, Abd-Allah [-Ibn-Sâd] envoya en avant des éclaireurs et des corps avancés ; moi-même, je marchais, autant que possible, avec les éclaireurs, et par Allah ! nous voilà arrivés sous les murs de Tripoli, où nous reconnûmes que les Grecs s’étaient fortifiés. Abd-Allah y mit le siége ; mais ensuite, ne voulant pas se laisser détourner du but qu’il avait en vue, il donna l’ordre de décamper. Pendant que nous faisions nos préparatifs, nous aperçûmes des vaisseaux qui venaient d’aborder la côte : aussitôt nous courûmes sus, et nous jetâmes à l’eau ceux qui s’y trouvaient. Ils firent quelque résistance, mais ensuite ils se rendirent, et nous leur liâmes les mains derrière le dos. Ils étaient au nombre de quatre cents. Abd-Allah vint alors nous joindre, et il leur fit trancher la tête. Nous prîmes ce qui était dans les vaisseaux, et cela fut notre premier butin. Abd-Allah marcha alors sur Cabes et y mit le siége, mais les anciens compagnons du Prophète lui conseillèrent d’y renoncer, pour ne pas être détourné de son projet contre l’Ifrîkïa. Il se remit donc en marche, et envoya partout

  1. Ceci est le récit controuvé dont il est fait mention dans l’avant-propos.