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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/464

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APPENDICE.

corps nombreux pour l’Orient. Les Grecs de Constantinople, sachant qu’il était entré en Ifrîkïa après avoir laissé Barca sans défenseurs, sortirent de l’île de Sicile avec une grande flotte, attaquèrent cette ville et y portèrent le massacre et le pillage. Zoheir, qui venait de quitter l’Ifrîkïa, et qui arrivait à Barca pendant que les Grecs y étaient encore, fit aussitôt mettre pied à terre et attaqua l’ennemi avec une ardeur extrême. La bataille fut terrible ; mais, accablé par le nombre des Grecs, il succomba avec tous les siens. Pas un seul[1] n’échappa, et les Grecs emportèrent leur butin à Constantinople.

Abd-el-Mélek fut très-affligé de la mort de Zoheir ; mort qui avait tant d’analogie avec celle d’Ocba ; mais la révolte d’Abd-Allah-Ibn-ez-Zobeir l’empêcha de s’occuper des affaires de Cairouan. Ce ne fut qu’après la mort d’Ibn-ez-Zobeir qu’il y envoya comme gouverneur Hassan-Ibn-en-Noman, de la tribu de Ghassan.

§ IX. — GOUVERNEMENT DE HASSAN-IBN-EN-NOMAN-EL-GHASSANI.

L’historien dit : Abd-el-Mélek donna ordre à Hassan-Ibn-en-Noman de se tenir en Égypte avec une armée de quarante mille hommes, afin d’être prêt à tout événement. Ensuite il lui écrivit de se mettre en marche pour l’Ifrîkïa : « Je te laisse les mains libres, disait-il ; puise dans les trésors de l’Égypte et distribue des gratifications à tes compagnons et à ceux qui se joindront à toi. Ensuite va faire la guerre sainte dans l’Ifrîkïa, et que la

  1. En l’an 76 (695), les Grecs firent une descente à Antabolos (Barca) et occupèrent cette ville pendant quarante jours. Ibn-en-Nasrani, le commandant, parvint à s’échapper. Zoheir, auquel El-Azîz, gouverneur de l’Égypte, envoya l’ordre de chasser l’ennemi, les attaqua avec soixante-dix hommes et périt, lui et tous ses compagnons. Un arabe de la tribu de Medhedj qui s’était retiré dans le Désert pour éviter la peste dont on souffrait depuis quelque temps à Antabolos, rassembla alors un corps de sept cents musulmans et força les Grecs à se rembarquer. La mort de Zoheir eut lieu en 76. — (Ibn-Abd-el-Hakem.) — La comparaison de ce récit avec celui d’En-Noweiri démontre l’extrême incertitude de l’histoire de l’Afrique dans le premier siècle de l’hégire.