Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
APPENDICE.

coup, et il remit l’envoyé de jour en jour, tout en faisant des expéditions dans le pays ennemi. Il évita toutefois l’endroit où se trouvait la statue, et s’occupa à tuer, à faire des captifs, à détruire les églises et à en briser les cloches. Toujours puissant et victorieux, il était parvenu au rocher de Belaï[1], situé sur la Mer-Verte (l’Atlantique), quand un second messager arriva de la part d’El-Ouélîd, pour lui enjoindre de presser son retour. Cet envoyé saisit la mule de Mouça par la bride et emmena ainsi le chef musulman. Ce fut dans la ville de Lok (Lugo), en Galice, que cette rencontre eut lieu. En revenant de là, Mouça traversa un défilé appelé depuis le défilé de Mouça (Fedj-Mouça), et il fut rejoint par Tarec qui arrivait de la Frontière-Supérieure (l’Aragon). Il obligea cet officier à partir avec lui, et laissa en Espagne son propre fils, Abd-el-Azîz-Ibn-Mouça, en qualité de lieutenant. Débarqué à Ceuta, il confia à son autre fils, Abd-el-Mélek, le commandement de cette ville, de Tanger et des lieux voisins, et nomma Abd-Allah, son fils aîné, gouverneur de l’Ifrîkïa et des pays qui en dépendaient. Il prit alors la route de la Syrie, emmenant avec lui trente mille jeunes vierges, filles des princes des Goths et de leurs chefs, et emportant les dépouilles de l’Espagne, la table de Salomon, ainsi qu’une quantité immense de pierreries et d’autres objets précieux.

A son arrivée en Syrie, il apprit la mort d’El-Ouélîd et l’avènement de Soleiman, fils d’Abd-el-Mélek. Le nouveau khalife n’aimait pas Mouça-Ibn-Noceir ; aussi il lui ôta toutes ses charges, le bannit de sa présence et lui imposa une amende si considérable que Mouça fut obligé de s’adresser aux Arabes du Désert, pour avoir de quoi vivre. Selon une autre relation, El-Ouélîd vivait encore lors du retour de Mouça qui lui avait écrit pour annoncer la prise de la table. Quand il parut devant le khalife, il lui présenta ce qu’il avait apporté, sans oublier ce meuble précieux, mais Tarec, qui l’accompagnait, revendiqua l’honneur de l’avoir pris. Cette assertion lui attira de la part de Mouça un démenti

  1. L’auteur aurait dû écrire : au rocher appelé depuis rocher de Belaï, ou Pelayo. C’est probablement la Sierra de Covadonga. — (Gayangos.)