Aller au contenu

Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
EN-NOWEIRI.

eu en nous des amis dévoués, comme si vous n’aviez jamais recherché notre alliance ! mais cela, vous ne saurez l’oublier[1].

A la lecture de ces vers, Hicham entra en courroux et prononça la disposition d’Obeida. Celui-ci, en quittant l’Ifrîkïa, y laissa, pour lieutenant-gouverneur, Ocba-Ibn-Codama, et pour cadi, Abd-Allah-Ibn-el-Mogheira-Ibn-Berda de la tribu de Coreich[2], ceci se passa dans le mois de Choual de l’an 114 (novembre-décembre 732)[3].

§ XIX. — GOUVERNEMENT D’OBEID-ALLAH-IBN-EL-HABHÂB.

Obeid-Allah, fils d’El-Habhâb et client de la tribu de Makhzoum, occupait une place élevée dans l’administration de l’empire ; il s’exprimait avec élégance et savait par cœur la poésie des Arabes du Désert, ainsi que l’histoire de leurs combats. Ce fut lui qui bâtit la grande mosquée de Tunis et l’arsenal de la marine. Sa nomination au gouvernement de l’Ifrîkïa eut lieu dans le mois de Rebiâ premier[4], de l’an 116 (avril-mai, 734). Il confia le commandement de Tanger et de la province qui en dépend à Omar-Ibn-Abd-Allah-el-Moradi ; mais ce fonctionnaire, oubliant les principes de la justice, commit de nombreuses illégalités dans la perception de la dîme aumônière et dans la répartition du butin. Il voulait prélever le quint sur les Berbères[5], sous prétexte que ce peuple était un butin acquis aux musulmans, chose qu’aucun amel avant lui n’avait osé faire ; ce fut seulement sur les populations qui refusèrent d’embrasser l’islamisme que les gouverneurs imposèrent ce tribut. Aussi les Berbères de Tanger se

  1. En-Noweiri a rapporté ces vers d’une manière peu exacte. — Voyez le Baïan, texte arabe, pag. 37.
  2. Selon Ibn-Abd-el-Hakem, Obeida revint en Orient l’an 115.
  3. Obeida envoya une flotte contre la Sicile, mais elle se perdit dans une tempête. El-Mostatîr-Ibn-el-Hareth-el-Harsi, le commandant de cette expédition, échappa au naufrage et fut emprisonné par Obeida.
  4. De Rebiâ second, selon le Baïan.
  5. Voyez ci-devant, pag. 216, et ci-après, pag. 367. La comparaison de ces passages fait voir que le quint dont il s’agit ici était celui de la population : d’ailleurs, un impôt sur les biens, quelqu’exorbitant qu’il fût, n’aurait jamais excité un soulèvement général.