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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/51

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XLI
INTRODUCTION.

méfiance du monarque ayant été éveillée, il nous fit emprisonner tous les deux. L’émir fut bientôt relâché, mais ma détention se prolongea pendant deux ans et ne finit qu’à la mort du souverain. » — On verra plus tard l’émir lui envoyer un diplôme de premier ministre, circonstance qui nous paraît justifier l’accusation qui lui coûta ainsi la liberté.

« Le sultan Abou-Einan, continue-t-il, mourut le 24 de Dou-’l-Hiddja 759 (1358), et aussitôt le vizir, régent de l’empire, El-Hacen-Ibn-Omar, me tira de prison et m’ayant revêtu d’une pelisse d’honneur, il me fit monter à cheval et réintégrer dans tous mes emplois. Je voulus retourner à ma ville natale, mais je ne pus obtenir son assentiment ; aussi, je continuai à jouir des honneurs qu’il se plaisait à m’accorder. À la fin, les Mérinides se révoltèrent contre lui et il succomba. »

Ce ministre avait placé sur le trône un fils du monarque défunt, jeune enfant de cinq ans, sous le nom duquel il espérait gouverner l’empire. Il ne se doutait guère que le prince Abou-Salem, frère d’Abou-Einan, viendrait bientôt de l’Espagne où il s’était réfugié et enlèverait au jeune sultan le commandement des Mérinides. Abou-Salem s’étant fait débarquer sur le territoire des Ghomara, au Sud-Est de Ceuta, travailla à se gagner des partisans, pendant que son agent, Ibn-Merzouc, agissait à Fez dans le même but. « Cet homme, dit Ibn-Khaldoun, connaissait l’amitié qui régnait entre moi et les principaux Mérinides ; aussi, eut-il recours à mes services dans l’espoir de gagner ces chefs. En effet, je décidai la plupart d’entre eux à promettre leur appui au prince. J’étais alors secrétaire du régent Mansour-Ibn-Soleiman, lequel venait d’être placé par les Mérinides à la tête de l’empire, et tenait El-Hacen-Ibn-Omar assiégé dans la Ville-Neuve de Fez. » — « Quand j’eus obtenu des Mérinides la promesse de soutenir le sultan Abou-Salem, Ibn-Merzouc invita El-Hacen-Ibn-Omar à reconnaître ce prince pour souverain. Fatigué de la longueur du siége, El-Hacen y consentit avec empressement, et aussitôt on vit les chefs mérinides abandonner Mansour et passer dans la ville assiégée. Je partis sur le champ pour annoncer cette bonne nouvelle à Abou-