Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/13

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C’est ainsi que parmi les hiéroglyphes phonétiques dont le son est déjà reconnu, l’épervier, qui exprimait la vie, l’âme, ⲁϩⲉ, ⲁϩⲓ, ahé, ahi, ou tout autre oiseau en général, en égyptien ϩⲁⲗⲏⲧ halét, est probablement devenu le signe du son Α ; que l’hiéroglyphe dit signe de l’eau, qui, dans les textes idéographiques, représente certainement la préposition égyptienne de, est devenue signe de l’articulation Ν ; que la bouche, en égyptien ⲣⲟ ro, a été choisie pour représenter la consonne grecque Ρ, etc. Nous concevrons de même comment le son Τ a été exprimé indifféremment, soit par le segment de sphère, puisque ce caractère, dans l’écriture idéographique, est le signe de l’article féminin ϯ ti ou ⲧⲉ , soit par une main ouverte, qui se disait ⲧⲟⲧ tot (vola, manus) en langue égyptienne. Il en est de même de tous les autres sons rendus par des caractères différents, comme nous l’établirons bientôt par des exemples plus nombreux. Cette multiplicité de signes n’a donc d’autre origine que les procédés propres à la méthode que nous venons d’exposer.

Bien plus, les caractères démotiques employés pour exprimer phonétiquement les noms propres, caractères que nous connaissions déjà par l’inscription de Rosette, se trouvent n’être autre chose que les caractères hiératiques qui répondent exactement aux caractères hiéroglyphiques dont nous venons de reconnaître aussi l’emploi phonétique.

Nous avons vu que le son Κ était rendu, dans les noms Κλεοπατρα et Αλεξανδρος, par deux signes qui dif-