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ÉCHALOTE CONTINUE…

dernières heures sont lentes et comme le pilote est peu pressé de vous prendre à sa remorque ! Enfin le port apparaît. Il est beau, non point peut-être comme celui de New-York, mais comme est beau l’objet que l’on aime et qu’on ne compare pas. Voilà que se lisent les inscriptions intelligibles sur les petites embarcations aux voiles rapiécées et voilà que s’étale le tapis de galets scintillants. Des voix montent que l’on reconnaît, des gens s’approchent qui se font comprendre. On est cher soi, il y fait bon, on est heureux.

En trottinant sur la passerelle du débarcadère, Échalote oublia tout le cauchemar de son excursion artistique. Elle était dans son patelin, les commissionnaires qui s’offraient pour ses bagages étaient ses frères et leurs mains accoutumées aux pourboires avaient les nobles callosités où se révèle la race vieille de travail.

L’air était à peine alourdi par la fumée des paquebots prêts à lever l’ancre, et le ciel était bleu, du bleu des ciels de France, les rares jours où les orages, la grêle ou la pluie ne couvent pas.

Échalote était fière d’être Française. Ses pieds, juchés sur ses talons Louis XV, allaient rencontrer des pieds amis, pointus et cambrés, et non