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LA MORT D’HENRY


« une lettre (sans intérêt) adressée à M. J. Henry, 13, avenue Duquesne », — à lui-même, — des cartes de visite, un portefeuille avec cent francs, un porte-monnaie avec deux cent soixante-cinq francs. Aucun autre papier ni dans les vêtements ni dans la chambre. Papiers et argent furent remis à Varlot pour être transmis au général commandant la place[1].

Le soldat Léon Lévy rentra sur ces entrefaites. Walter le fit appeler. Le jeune homme examina le corps exsangue, que nul n’avait encore touché, et les plaies. Il ferma lentement les yeux d’Henry, ces yeux gris, d’un bleu pâle, exorbités ; que ce fût un juif qui fermât les yeux du bourreau de Dreyfus, cela ajoutait au tragique de ces scènes.

Le lendemain, Lévy, aidé de deux infirmiers, fit la toilette du mort. Lui-même, puis le major Pauzat et le docteur de Lagorsse, procédèrent aux constatations médico-légales[2]. Enfin, le commissaire de police dressa procès-verbal du suicide, saisit le rasoir, avisa le parquet qui délivra le permis d’inhumer. L’acte de décès[3] fut dressé à la mairie de Suresnes. Il porte simplement que « Hubert-Joseph Henry, âgé de cinquante-deux ans, officier de la Légion d’honneur et lieutenant-colonel d’infanterie », était décédé la veille, au Mont-Valérien. Deux officiers (Junck et Féry) vinrent également reconnaître le mort.

Brisson, dans la matinée, avait recommandé à Cavaignac de se conformer aux prescriptions du Code en cas de mort violente[4] ; toutefois, de ne pas faire trans-

  1. Procès-verbal.
  2. Rapport du commissaire de police à Puteaux.
  3. Signé : Genteur, maire ; Antoine Dieuaide, brigadier des sergents de ville, et Hilaire Boutereau, sergent de ville.
  4. Art. 44 du Code d’instruction criminelle.