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BRISSON

On avait siégé toute la journée, deux longues séances. Faure, qui n’était pas intervenu aux débats[1], fit décider qu’on voterait seulement le 17, à son retour des manœuvres. La démission de Zurlinden, c’est-à-dire la Revision ; celle de Brisson, c’est-à-dire la crise[2], l’auraient retenu à Paris, empêché d’aller parader devant les troupes, en compagnie d’un prince anglais.

Brisson consentit à l’ajournement, bien qu’il fût certain de la majorité et quelque hâte qu’il eût d’ouvrir la Revision, parce que ce délai lui permettrait de s’assurer d’un général pour remplacer Zurlinden. On lui conseillait à nouveau de prendre lui-même le porte-feuille de la Guerre, afin de marquer avec plus d’éclat la suprématie du pouvoir civil, mais il persista dans son opinion qu’il était nécessaire d’avoir un militaire à la tête de l’armée. Il refusa également de passer au ministère de la Justice, où Sarrien se désolait, mal à l’aise dans ces événements, ayant presque également peur de faire la Revision et honte de ne pas la faire.

VIII

Dans l’intervalle entre les deux séances du Conseil,

  1. Plusieurs journaux dirent qu’il était intervenu vivement contre la Revision. Brisson adressa un démenti catégorique à l’Agence Havas (15 septembre 1898).
  2. Faure dit plus tard à Zurlinden « qu’il avait cru s’apercevoir que la majorité allait être contraire à Brisson », d’où une crise qu’il avait préféré ajourner à son retour. Or, dès cette séance du 12, Brisson était assuré de la majorité (Sarrien, Bourgeois, Delcassé, Maruéjouls et Trouillot).