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BRISSON


venait de reconstituer ouvertement la Ligue des Patriotes, dissoute lors du procès de Boulanger, la harangua dans un grand discours, d’une violence et d’un ridicule extrêmes : « Vos chapeaux sont des képis… Si la grande Révolution était là, Clemenceau serait des premiers conduits à l’échafaud… Les Jaurès et les Reinach pactisent avec la triple alliance… Si Dreyfus rentre en France, il sera écharpé[1]. »

L’anxiété, l’impatience furent universelles. Anglais et Allemands cherchèrent à peser dans la balance. À Berlin, une note officieuse[2] déclara que le petit bleu était authentique, qu’il avait été dicté par Schwarzkoppen, que celui-ci avait eu avec Esterhazy « des rapports que comportait sa mission ». À Londres, un des journalistes qui avait reçu les confidences d’Esterhazy, les fit paraître[3] : l’aveu qu’il avait écrit le bordereau, mais par ordre ; Sandherr et Henry, qui n’avaient que des preuves morales de la trahison de Dreyfus, lui auraient « commandé », à cause de la similitude des écritures, « cette preuve matérielle ». Toutefois, Esterhazy s’était opposé à ce que son roman fût publié[4], parce qu’il était rentré en pourparlers avec Drumont et avait obtenu de lui

    sier, avec les renseignements quotidiens de la police. — Note du 24 septembre 1898 : « Guérin a exposé qu’il avait reçu la visite de Galli et autres amis de Déroulède… Il a été décidé que la Ligue antisémitique se réunirait dans un endroit fixé à proximité de la salle des conférences pour manifester, même brutalement, si les dreyfusards se montraient. (I, 10.)

  1. Libre Parole, Temps, etc., du 26 septembre 1898.
  2. Berliner Tagblatt, Gazette de Cologne et Gazette Nationale du 24 septembre 1898. — Un jeune diplomate, qui passait pour distingué, m’écrivit à cette occasion qu’il rompait toute relation avec moi, parce que j’avais préféré à la parole de Zurlinden, affirmant que Picquart était un faussaire, celle de Schwarzkoppen.
  3. Observer du 24 septembre 1898.
  4. Cass., I, 599 à 603, Esterhazy.