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BRISSON


du Droit. Ou il eût fallu accepter l’inoffensive motion qui répétait seulement la circulaire de Sarrien, ne pas avoir l’air de « s’évader »[1].

La Chambre repoussa le blâme proposé par Berger[2], adopta l’invitation de de Mahy[3].

Quelques radicaux essayèrent alors d’un sauvetage[4]. Mais il eût fallu que Brisson s’y prêtât. La confiance, qu’il n’avait plus en lui-même, lui fut refusée par 32 voix[5] ; la Chambre s’ajourna au 4 novembre.

Le lendemain matin, dès qu’il connut les événements, le duc d’Orléans, qui chassait en Hongrie, télégraphia à Buffet : « Dois-je revenir de suite ou puis-je attendre encore ? » Buffet était fort échauffé ; il avait passé une partie de la nuit avec Lur-Saluces, sur les boulevards, à attendre la Révolution[6] ; il y avait assisté à quelques bousculades, sans gravité, parce que les socialistes étaient restés sagement chez eux[7] et que la police s’était montrée très vigoureuse[8] ; il avait entendu quelques jeunes gens crier, « à un signal » : « Vive le

  1. Viviani, dans la Lanterne du 27 octobre 1898.
  2. Par 274 voix contre 261.
  3. Par 296 voix contre 243.
  4. Berteaux, avec Mesureur et Dujardin-Beaumetz, proposa d’ajouter à l’ordre du jour » que la Chambre était confiante dans le Gouvernement pour prendre les mesures nécessaires ». Sembat, que beaucoup avaient connu ultra-modéré et qui était devenu socialiste-révolutionnaire, demanda que le vote fût restreint à ces mots : « Et confiante dans le Gouvernement. »
  5. Par 286 voix contre 254. — Les anciens présidents du Conseil votèrent contre la confiance (Méline, Ribot et Charles Dupuy), ainsi que Cavaignac et presque tous les anciens ministres, Barthou, Poincaré, Cochery, Leygues, Jonnart, Jules Roche, Christophle, Rouvier, l’amiral Rieunier.
  6. Haute Cour, II, 141, acte d’accusation, et audience du 16 novembre 1899.
  7. Rapport Hennion.
  8. Elle arrêta 500 manifestants.