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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


devoir terminer à cette audience, avait repris de plus belle, Lœw, pendant une suspension, prévint lui-même Picquart que son audition était remise au lendemain et demanda à Herqué s’il avait des instructions pour ramener son prisonnier. Il ne connaissait pas Picquart, ne l’avait jamais vu ; son garde, comme lui, était en civil. Lœw, avec la politesse des vieillards, ôta sa toque pour leur parler.

L’officier, sans cesser d’être empressé auprès de Picquart, un inspecteur, qui se tenait à la porte de la chambre[1], manifestèrent au greffier Ménard leur surprise de « l’aménité » du président. Ménard dit « qu’on avait fait moins de grâces auprès des précédents témoins[2], les anciens ministres de la Guerre ». Le jour suivant, Lœw chargea le greffier de prévenir Picquart qu’on l’entendrait seulement à 4 heures. Selon Ménard, il aurait ajouté ; « Vous lui exprimerez les regrets de la Cour. » Ces regrets, à un officier « rayé de cadres de l’armée », indignèrent le sycophante[3].

Le surlendemain, Quesnay ayant repris son cabinet, Picquart attendait dans celui du président de la Chambre des Requêtes, Tanon, parce que Roget achevait sa déposition. Lœw pria Bard de l’avertir de ce nouveau retard, Bard entra chez Beaurepaire : « Je croyais qu’il y avait ici un prisonnier. — On l’aura peut-être déposé chez mon collègue Tanon[4]. » Bard s’y rendit. Pas plus que Lœw, il ne connaissait Picquart. Il l’avait vu pour la première fois, la veille, quand Picquart commença à déposer. Il faisait déjà presque

  1. Enq. Mazeau, 37, Magnin (inspecteur) ; 54, Lœw ; et rapport Herqué.
  2. Rapport Herqué.
  3. Enq. Mazeau, 52, Quesnay.
  4. Ibid., 51, Quesnay ; 64 et 82, Bard.