Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1904, Tome 4.djvu/532

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
528
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


reconnaître le caractère suspensif[1]. Ainsi le sursis qu’elle venait de rejeter pour une raison juridique, elle dut l’adopter pour une autre raison juridique, et mon refus de perdre la bataille parut une victoire.

Drumont et ses amis écumèrent. La Gazette de France décida que j’avais mérité « la peine de mort » et elle espérait « que ce juste châtiment me serait appliqué le plus tôt possible »[2].

XI

Lebret avait « pointé » les conseillers de la Cour de cassation. Les Chambres civiles lui furent indiquées comme hostiles ; dans les chambres réunies, la criminelle serait noyée ; la Revision serait ainsi écartée, légalement ; Dreyfus resterait à l’île du Diable.

Ce n’est pas que l’opération parût aisée, après que Dupuy et Lebret lui-même, le premier jour où ils se présentèrent devant la Chambre, s’étaient opposés, en termes formels, au dessaisissement, proposé alors par Gerville-Réache ; la Commission, saisie du projet, l’avait repoussé, et la Chambre venait d’en ajourner la discussion après le budget[3]. Une telle atteinte

  1. Dès que la Cour de cassation eut clos son enquête, je retirai mon pourvoi. (6 mai 1899.)
  2. 8 février 1899. — Le Times, prenant au sérieux cette rhétorique de sacristie, dit « que les royalistes de la Gazette réhabilitaient Marat ».
  3. Par 389 voix contre 133, sur une motion de Georges Berry, qui demandait la discussion à la prochaine séance (19 janvier). — Le même jour, au Sénat, Le Provost de Launay et Ponthieu de Chamaillard interpellaient sur le règlement de