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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


les imposantes manifestations qui se produiront, le Gouvernement devra faire sortir la troupe. Paris sera en état de siège. Ce sera le moment de faire un coup[1]. »

La police avait des ligueurs à sa solde, comme aussi des compagnons de Guérin, des membres importants de la Patrie française et des hommes du meilleur monde royaliste[2]. Dès le surlendemain, Hennion fit un rapport à Dupuy : « Il est toujours décidé qu’on tentera de marcher sur le Palais-Bourbon ou sur l’Élysée, au retour des obsèques. Habert le disait encore hier[3]. »

IV

Les journées qui suivirent furent très pleines : Loubet, comme autrefois Casimir-Perier, refusa la démission du cabinet que Dupuy, selon le protocole, lui avait offerte[4] ; les Chambres votèrent que des funérailles nationales seraient faites à Félix Faure ; Dupuy, pour donner à croire que Loubet avait peur de Paris, proposait que les membres des grands corps de l’État se rendraient isolément à Notre-Dame ; Lanessan, indigné, fit

  1. Instr. Pasques, et Haute Cour, 20 novembre 1899, Déroulède.
  2. Haute Cour, 6 décembre 1899, Puybaraud, inspecteur général des services administratifs. Il précisa qu’il fut informé, « pour argent » par des gens du monde : « Ils profitent de votre confiance, de l’abandon que vous avez dans vos conversations pour venir nous rapporter ce qu’ils savent… etc. » De même Hennion, à la commission d’instruction : « J’ai reçu de nombreux rapports émanant de différentes sources dont la majeure partie se trouve aux endroits même où s’organise l’agitation. » (5 octobre 1899.)
  3. 20 février 1899.
  4. 19 février.