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MORT DE FÉLIX FAURE

s’était terminée aux cris de : « Vive la République ! à bas le Parlement »[1], et il comptait que 5 à 6.000 répondraient à son appel[2]. Par surcroît, il fit venir les principaux meneurs au siège de la Ligue, leur donna, « d’un ton grave et résolu », le mot d’ordre, « sa dernière parole avant l’action » : « Si vous avez confiance en moi, ne me demandez pas ce que j’ai fait et ce que je veux faire ; ne me demandez rien ; soyez seulement, vous et vos amis, demain à la place de la Bastille, où vous trouverez Habert[3]. » Ni lui ni Habert ne veulent avoir dit autre chose à leurs complices ; mais ceux-ci en savaient assez : le silence même était l’aveu du coup à faire. L’affiche que Déroulède fit placarder à la dernière heure n’était pas moins explicite pour qui savait lire : « Le Gouvernement exclut les patriotes d’une cérémonie nationale où les sans-patrie et les insulteurs de l’armée auront leur place. Nous avions fait appel au calme, à l’ordre et à la concorde. (À la salle Charras, quand on n’avait pas encore reçu l’avis que l’autorisation était retirée.) Voilà la réponse des parlementaires ! Que le peuple de Paris nous juge ! »

V

Pendant que le chef des « Patriotes » conspirait ainsi en plein vent, mais agissait, les royalistes se remuaient

  1. Instr. Pasques, 27, Déroulède ; 78, Baillière.
  2. Ibid., 37, Habert.
  3. Ibid., 27, Déroulède ; 78, Baillière ; 82, Jarzuel. — C’était notamment Baillière, architecte, et Barillier, boucher. — 56 commissaires furent envoyés, en voiture, dans les divers arrondissements pour prévenir les amis ; « l’argent nécessaire leur avait été remis par Habert ». (Rapport Hennion, 23 février, matin.)