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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


les rapports d’Hennion, mais n’en avait pas fait part à Zurlinden. — « Voilà encore, dit-il à son aide de camp, Pellieux qui fait du vent[1]. ! » Sans lui faire tenir aucune réponse, il « se borna à prévenir la police et à faire chercher un peloton de la garde Républicaine à cheval qui maintiendrait le bon ordre[2] ».

Cela ne faisait pas du tout les affaires de Pellieux. Pendant que les orateurs officiels discouraient, devant la porte du cimetière, sur le cercueil de Faure, il renouvela sa démarche, et de façon plus pressante encore, demandant cette fois l’autorisation « de disloquer » ses troupes avant la place de la Nation et de renvoyer directement à Vincennes son bataillon de chasseurs à pied qui était très fatigué. — Déroulède avait servi autrefois aux chasseurs, ce qu’il n’aurait pas manqué de rappeler. — Zurlinden, cette fois, dressa l’oreille. Il accorda l’autorisation et fit dire à Pellieux « qu’il lui interdisait de passer de sa personne sur la place[3] ».

C’était tout ce que désirait Pellieux. Il défila fort

  1. Récit de Zurlinden au général André, (Petit Sou du 23 mars 1901.)
  2. Il s’adressa au directeur de la police municipale, Touny. — À la même heure (3 heures environ), Hennion télégraphiait à l’Intérieur : « Les ligueurs ont rendez-vous, place de la Nation, au café Arago. Déroulède s’y rend. » Habert s’établit au café Arago ; Déroulède, dans une loge de concierge. Le renseignement venait d’une des personnes qui avaient déjeuné avec Déroulède ou avaient assisté à son départ (en voiture) avec Barrès, un peu plus tard, un inspecteur des brigades de recherche téléphona à la préfecture de police que Déroulède, fatigué était rentré chez lui.
  3. Haute-Cour, Zurlinden : « Les ordres ont été donnés, la veille des obsèques, après de longs pourparlers entre mon état-major, le cabinet du ministre de la Guerre et la préfecture de police. Ils existent encore aux archives du gouvernement militaire de Paris. Ils ont été exécutés à la lettre ; j’ai apporté une seule modification, vers la fin de la cérémonie, sur les instances de M. le général de Pellieux. »