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MORT DE FÉLIX FAURE


Barrès prit Guérin par le bras : « C’est bien d’être ici. » Déroulède, suivant le milieu de la chaussée, marcha droit vers « le chapeau à plumes noires[1] ». C’était Roget.

La veille au soir, quand son chef direct, le général Florentin, commandant de la 9e division d’infanterie[2], lui avait communiqué les ordres de Zurlinden, Roget « avait exprimé le regret que sa brigade fût appelée à marcher, à cause de la petite notoriété qu’il avait et qui pouvait donner lieu à quelques manifestations ». Mais Florentin n’avait pas trouvé le moyen de remplacer la brigade, et Roget était rentré chez lui où il n’avait vu personne[3]. Le jour des obsèques, il ne s’était occupé que de ses régiments. Tout à l’heure, après avoir défilé à leur tête devant le cercueil de Faure, il avait pris aussitôt sa place à côté de Florentin, et l’avait suivi, « à sa distance réglementaire », par le boulevard de Charonne, la grande artère qui va du cimetière au cours de Vincennes, derrière la barrière du Trône[4]. Environ à mi-route, Florentin s’était arrêté pour inspecter ses brigades et avait fait prévenir Roget, qui continuait à la tête du 4e de ligne, qu’il le rejoindrait à la caserne de Reuilly[5]. Cette caserne est située à quelques cents mètres, de l’autre côté de la place de la Nation, entre le faubourg Saint-Antoine, qui descend sur la Bastille, et le boulevard Diderot, qui descend à la Seine, au pont d’Austerlitz, un peu au sud de l’île Saint-Louis et à un peu plus d’un kilomètre de l’Hôtel-de-Ville.

  1. Barrès, loc. cit., 241.
  2. 4e, 82e, 113e et 131e régiments de ligne.
  3. Haute Cour, VII, 101, Roget (Déposition du 7 octobre 1899.) — On raconta, par la suite, qu’il avait dîné avec Déroulède et Quesnay, chez une de leurs amies ; c’était faux.
  4. Instr. Pasques, 11, Roget.
  5. Ibid., 61, Florentin.