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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Ils ont constaté que le lieutenant-colonel Henry était étendu sur son lit, après s’être ouvert la gorge avec un rasoir qu’il tenait encore dans la main gauche.

Le médecin appelé pour constater le décès n’était pas encore arrivé.

Le corps était froid, ainsi que cela avait déjà été constaté à sept heures par le commandant d’armes.

Le lieutenant-colonel Henry a dû se suicider vers trois heures de l’après-midi.

Il a été trouvé sur la table deux lettres, une fermée, à l’adresse de Mme Henry, et une ouverte portant des paroles incohérentes.

En outre, il a été trouvé dans les poches des vêtements une lettre adressée à M. J. Henry, 13, avenue Duquesne, et une carte de visite.

Tous ces objets sont confiés ce soir à M. le lieutenant Varlot, pour les remettre au général commandant la place de Paris.

Enfin, un porte-cartes contenant un billet de 100 francs, une carte d’identité et quelques cartes de visite ont été également remis à M. Varlot, avec le porte-monnaie et la montre du lieutenant-colonel Henry.

Le porte-monnaie contient 265 francs.

Outre ces objets, aucun papier n’a été trouvé dans la chambre ou dans les vêtements du lieutenant-colonel Henry.

Mont-Valérien, le 31 août 1898.

Walter, Varlot, Fête.


Rapport du commissaire de police.


Ce matin, sur la réquisition de M. le commandant d’armes du Mont-Valérien, j’ai constaté au fort le suicide de M. le lieutenant-colonel Henry, dans un local du pavillon des officiers.

M. Henry s’était hier, dans l’après-midi, coupé la gorge à l’aide d’un rasoir qui a été trouvé fermé dans sa main gauche.

Il s’était fait, aux deux côtés de la gorge, des entailles profondes ayant provoqué une hémorragie abondante.

Le corps a été découvert à six heures quarante minutes du soir par le lieutenant Fête, de semaine au fort, chargé de surveiller le colonel.

M. le commandant Walter m’a dit que le colonel avait laissé sur sa table deux lettres cachetées, remises au ministère de la Guerre, et une ouverte contenant des divagations semblables à celle-ci : « Je vais me baigner dans la Seine. »

Le permis d’inhumer a été délivré par le parquet sur le vu de mon procès-verbal d’enquête.

Les frais n’ayant pas été payés, je transmets ci-joint un bon