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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Il vous restera le livre, l’histoire. Je n’ai, en fin de compte, une pleine confiance que dans l’œuvre écrite, nos livres de demain où nous dirons tout, et que nos fils liront, jugeront, en dehors des passions imbéciles et monstrueuses du moment. Vous avez été un des plus braves, un des plus éloquents. Vous serez demain de la victoire, après avoir été un des premiers à la peine, sous les coups et sous les outrages. Je suis sans trop d’inquiétude sur le résultat final, mais que d’angoisses et que de souffrances encore ! (6 janvier 1899.)

La complicité d’Henry, ce serait, le jour où elle viendrait à être prouvée, la grande lumière décisive. Votre discussion, votre argumentation me hante. Vous arrivez à me convaincre, tant l’hypothèse satisfait ma raison. Il faut que cela soit, car cela explique tout. (23 janvier.)

… Chaque jour peut amener quelque révélation foudroyante qui achèvera la débâcle des bandits… Si vous écrivez vos articles du Siècle en pensant à moi, je puis vous dire que, dans mon coin de solitude, je les lis avec une passion, avec une admiration croissante. Une de mes premières visites, à Paris, sera d’aller vous confesser mes torts, l’injuste opinion que j’avais de vous, l’ignorance têtue où j’étais de votre courage et de votre talent. Vous avez été admirable dans toute la mons-

trueuse Affaire, un des ouvriers les plus braves, les plus forts de la bonne œuvre, et c’est pourquoi je vous aime. (30 avril.)

Le docteur Gibert m’écrivit le 5 janvier :

C’est le remords qui a tué Sandherr. Il en tuera bien d’autres. Quant à Henry que vous avez démasqué, je soupçonnais son rôle depuis longtemps. En septembre 1896, je lui écrivais une lettre personnelle où je lui disais qu’il avait une âme de Zou-

lou dans le corps d’un officier français, — lettre signée, bien entendu. — Son rôle au procès Dreyfus aurait dû, dès le premier jour, le faire soupçonner en vertu du Cui prodest.

IV

la mort de félix faure

Le récit de Le Gall commence par la déclaration que « le 16 février, Félix Faure n’a pas quitté l’Élysée un seul