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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


linden n’aurait participé à aucun mauvais coup des royalistes ou de Déroulède, mais il ne suffisait plus que le gouverneur de Paris fût seulement loyal. Galliffet le remplaça par Brugère, résolu, intelligent et républicain[1]. Il entoura d’ailleurs cette disgrâce de ménagement, le garda au conseil supérieur de la guerre et lui promit le premier commandement qui deviendrait vacant[2].

Le cas de Négrier fut plus grave.

C’était un très beau soldat, admirable au feu, comme tous ceux de sa famille, véritable dynastie militaire, et, de plus, un esprit très ouvert, mais la présomption même, parce que tout lui avait réussi, surtout ses fautes[3], et dévoré d’ambition. Entièrement étranger à l’Affaire, il avait eu, l’année précédente, l’occasion de dégager l’armée de l’injustice systématique où les partis l’enfonçaient, et il n’avait trouvé qu’une menace à jeter au pouvoir civil, à savoir que « les généraux n’avaient été jamais, à aucune époque, plus prêts à se dévouer les uns pour les autres[4] », c’est-à-dire à se solidariser avec Mercier, Boisdeffre et Gonse. Il fut aussitôt très recherché par les royalistes, toujours

  1. 7 juillet 1899.
  2. Il lui offrit, en effet, trois mois après, le commandement du XIXe corps, Algérie ; mais Zurlinden commença par lui déclarer « qu’il préférait ne pas recevoir ce commandement » et, quand il se ravisa, un peu plus tard, l’emploi était donné. (Chambre des députés, séance du 14 novembre 1899, discours de Galliffet.) Le député Grandmaison ayant écrit à Waldeck-Rousseau qu’il l’interpellerait, à la rentrée, sur le déplacement de Zurlinden, qui aurait été « exigé » de Galliffet, celui-ci en revendiqua la responsabilité dans une note officielle. (13 juillet 1899.)
  3. Notamment au Tonkin, où il fut promu général de division au lendemain des affaires de la Porte de Chine, de Dang-Bo et de Lang-Son.
  4. Au banquet de Gennetine, dans le discours qu’il tint à Félix Faure, après les manœuvres. (Voir t. IV, 267.)