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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

V

Pendant que ces incidents se succédaient à Rennes, Waldeck-Rousseau, à Paris, se décidait à prendre l’offensive contre les conspirateurs.

On a vu comment la trahison de divers affiliés de Déroulède et de Guérin avait réuni entre ses mains les fils de leurs intrigues et qu’il était informé de leur dessein de faire leur coup le jour même où Mercier déposerait au conseil de guerre[1]. Le bruit que menaient les journaux au sujet des écrasantes révélations qui se produiraient à l’audience du 12 août lui parut une confirmation que le signal partirait de Rennes[2]. Préfecture de police et Sûreté générale, renseignées à des sources différentes, donnaient les mêmes avis[3]. Lépine, en l’avertissant, cette même semaine, que le duc d’Orléans aurait secrètement quitté Marienbad pour une croisière sur la côte bretonne, qu’une dépêche interceptée annonçait qu’il était en route pour Paris[4], que Barillier avait procédé « à une sorte de mobilisation partielle de ses ligueurs » et que « Guérin complétait ses approvisionnements », ne cacha pas ses craintes, conseilla formellement l’arrestation immédiate des principaux meneurs. « Privés de leurs chefs, les bandes seront hors d’état de

  1. Voir p. 258.
  2. Haute Cour, V, 159, acte d’accusation du procureur général Bernard ; VII, 15, Lépine.
  3. Ibid., 102, Bérenger, rapport à la commission d’instruction.
  4. Dépêche du 8 août 1899.