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RENNES


ments[1], annonça que « sa déposition serait forcément un peu longue[2] », et commença, d’une voix basse, nonchalante, volontairement sourde, « d’une voix de vieille dame[3] », qu’on entendait à peine, une interminable conférence sur toute l’Affaire.

L’attente d’une péripétie de théâtre était telle qu’au bout d’un quart d’heure la déception se peignait sur

  1. Par exemple la pièce dite des chemins de fer et la note Schneider. (Voir p. 328.) Quand Labori lui demandera d’où il tient cette note : « Je ne veux pas répondre à la question, mais je déclare que je prends sous ma responsabilité la traduction qui a été présentée au conseil. » (II, 24.)
  2. Rennes, I, 75, Mercier. — Le compte rendu sténographique de sa déposition comprend 65 pages in-octavo. Mercier publia lui-même, au cours du procès, une édition revisée de sa sténographie qu’il envoya aux juges. Quelques-unes de ses corrections sont insignifiantes, d’autres sont de véritables faux : « Le travail du commandant Mollard sur Madagascar contenait des renseignements statistiques… » ; Mercier corrige : « des renseignements techniques ». — « Vous voyez donc que ces documents sont importants et que l’Allemagne ne s’y trompe pas. » ; compte rendu revisé : « Vous voyez donc que l’Allemagne emploie le mot formation absolument dans le même sens que nous l’adoptons nous-mêmes. » — « Gobert dit que le doute ne lui paraissait pas possible… » Compte rendu revisé : « Il dit que le doute n’était pas possible. » — « Le capitaine Dreyfus, entre autres, critiquait… » Compte rendu revisé : « Le capitaine Dreyfus critiquait… » — Il supprime les protestations de Casimir-Perier (97 et 103) au sujet de « la nuit historique ».
  3. Marcel Prévost : « Le général a une voix et un physique ingrats, presque une voix de vieille dame… » (New-York Herald). Claretie : « La voix de clairon de Casimir-Perier était celle d’un soldat. Du général Mercier, on n’entend rien. » Varennes : « D’une voix basse, ennuyée, nonchalante. » Libre Parole : « D’une voix faible qui se perd complètement. » Siècle : « D’une voix très faible qu’on entend à peine. » Ducuing : « À mi-voix, lentement, sans chaleur ni passion. » Barrès : « À la suspension de l’audience, on vint dire au général que le public L’entendait mal et qu’il devait élever la voix : « C’est pour le tribunal que je parle », répondit-il. » (154).
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