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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/468

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Ce Polonais, ancien fonctionnaire au ministère des Chemins de fer autrichiens, avait été débauché, en 1898, par une fille Mathilde Baumler, bavaroise, espèce de Dalila de l’espionnage, c’est-à-dire que son emploi était d’entrer en commerce intime avec les officiers ou employés étrangers que le service des renseignements lui désignait comme de fidélité douteuse et qu’elle « rabattait », une fois engrenés, sur le bureau, par l’intermédiaire de Tomps, alors détaché à l’État-Major. C’est ainsi qu’elle avait « amené à la trahison » plusieurs des meilleurs agents du service, l’officier Fritz Wolff, qu’elle fut soupçonnée plus tard d’avoir revendu à l’Allemagne, et le lieutenant Helmuth Wessel, qui finit par l’épouser[1]. Quand elle s’adressait à des sous-officiers et simples soldats, non seulement elle ne tarifait pas ses faveurs, mais offrait de l’argent ; si ces amants de rencontre acceptaient, elle abordait les questions mili-

    confié qu’il avait fréquenté la même école que Cernuski… etc. » Il invoque le témoignage de sa maîtresse, qui confirme le sien, et de plusieurs femmes galantes à qui Przyborowski aurait fait le même récit. — D’autre part, Przyborowski nie formellement avoir connu Cernuski : « Je ne l’ai jamais vu et je n’ai jamais eu de relations d’aucune sorte avec lui. » (Tribunal de première instance de Nice, 23 mars 1904, commission rogatoire au cours de la deuxième enquête de la Cour de cassation.) Le journaliste Galmot, rédacteur au Petit Niçois, déposa d’abord que Przyborowski lui avait dit qu’il connaissait Cernuski, puis, confronté avec lui, se rétracta : « Je ne puis préciser s’il ma raconté qu’il le connaissait personnellement. » — Cependant Przyborowski convint « qu’il avait rencontré Wessel en Belgique, en décembre 1899, et qu’ils avaient parlé de Cernuski, mais d’une manière générale ».

  1. Procès Dautriche, 170 à 172, capitaine François ; 535, Tomps. — La trahison de Wessel commença en 1896 ; il était alors détaché à l’École de l’artillerie et du génie à Berlin. Devenu l’amant de Mathilde, il se rencontra à Liège avec Lauth et Tomps. Aux perquisitions faites chez Wessel, à Nice, en 1903, on trouva, de sa main, le récit de ses aventures, daté de mai 1900, Le récit paraît sincère.