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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


vembre 1897, qui était inscrite sur la copie qu’il avait en mains[1].

« M. Cavaignac s’est montré moins réservé dans sa déposition du 14 août. Faisant allusion à cette même pièce, il l’a présentée comme émanant de l’attaché militaire austro-hongrois, le colonel Schneider, et il a même insisté sur la valeur qu’elle offrait à raison des relations d’étroite amitié qui unissaient cet officier aux attachés militaires A. et B. et qui lui avaient ainsi permis de prendre part à leurs travaux et d’être au courant de leurs opérations[2].

« Quant au général Roget, comme, à différentes reprises, et notamment devant la Cour de cassation, il avait parlé de pièces significatives dans lesquelles la culpabilité de Dreyfus était affirmée formellement, à l’audience du 17 août, il a été invité par la défense à s’expliquer plus clairement sur ce point, et il a dû reconnaître qu’en s’exprimant ainsi, il avait voulu parler du rapport de l’attaché militaire qui avait été versé par le général Mercier et qu’il n’avait pas eu d’autres pièces entre les mains[3].

« Lorsque le colonel Schneider a su, par la lecture du Figaro, l’usage qui avait été fait de son nom, il s’est empressé d’envoyer au journal, qui l’a insérée, la dépêche suivante :

« Figaro, Paris.
« Ems, 17 août, 10 h. 20.

« Lettre du 30 novembre 4897, attribuée à moi et reproduite dans le Figaro, le mercredi 16 août, est un faux.

« Signé : Colonel Schneider[4]. »

« Malgré ce démenti, le commandant Cuignet n’a pas hésité à tirer parti de cette pièce dans sa déposition du 19 août. Faisant allusion à l’accusation de faux dirigée

  1. Général Mercier, Enq. crim., I, 293. — Général Roget, Enq. crim., I, 623. — Rollin, Enq. crim., 1, 368. — Général Chamoin, Enq. crim., I, 339. — Cuignet, Enq. crim., I, 777.
  2. Cavaignac, Rennes, I, 197. — Général Roget, Enq. crim., I, 623 et suiv.
  3. Général Roget, Rennes, I, 338 et 339.
  4. Rennes, I, 144.