Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/18

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« Tu vois en moi, lui répondit Pranmotchâ, la plus humble des servantes, occupée seulement à cueillir ces fleurs… Maître, donne-moi promptement tes ordres : dis, que puis-je faire qui te soit agréable ? »

À ces douces paroles, toute la fermeté de Kandou acheva de s’évanouir, et prenant aussitôt la jeune nymphe par la main, il la fit entrer dans son ermitage.

Alors l’Amour, le Printems et le Zéphire, jugeant qu’il n’était plus besoin de leur ministère, regagnèrent les régions éthérées, et racontèrent aux dieux enchantés la réussite de leur stratagème.

Cependant Kandou, par le pouvoir surnaturel que ses austérités lui avaient acquis, se métamorphose à l’instant en un jeune homme d’une beauté toute divine. Des vêtemens célestes, des guirlandes semblables à celles dont se parent les dieux, rehaussent encore l’éclat de ses charmes ; et la nymphe, qui croyait seulement le séduire, se sentit séduite à son tour.

Jeûnes, ablutions, prières, sacrifices, méditations profondes, devoirs envers les dieux, tout est mis en oubli. Uniquement occupé de sa passion et la nuit et le jour, le pauvre ermite ne songeait pas à l’échec porté à sa pénitence. Plongé dans les plaisirs, les jours se succédaient sans qu’il s’en aperçût.

Plusieurs mois s’étaient ainsi écoulés dans un ravissement continuel, lorsque Pramnotchâ lui témoigna le désir de retourner au séjour céleste, sa patrie : mais Kandou, plus épris que jamais, la conjure de demeurer encore. La nymphe cède, et au bout de quel-