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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/32

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core à nos délibérations, nous étions loin de penser qu’il pouvait nous être enlevé si promptement. Son nom fut entouré d’une considération européenne ; sa mémoire sera toujours chère et vénérable à la France ; sa vie déjà appartient à l’histoire. Le tableau en sera tracé bientôt dans des circonstances plus solennelles, et par des organes plus capables de remplir cette mission. Ils diront comment M. le duc de Richelieu, jeune encore, mérita l’estime de Catherine, fut appelé à répandre sur l’antique Tauride, soustraite au joug des Turcs, les bienfaits de la civilisation européenne, les institutions qu’il y fonda, le rapide développement qu’il sut y imprimer à l’agriculture, au commerce ; ils diront comment M. le duc de Richelieu, rendu à la France, se trouva comme naturellement porté, sans l’avoir désiré, à la tête du ministère, dans les circonstances les plus difficiles où la France se soit trouvée placée depuis plusieurs siècles ; lorsque notre existence, comme nation indépendante, semblait presque mise en problème ; lorsque notre belle patrie était militairement occupée par des troupes étrangères, désarmée elle-même en leur présence : comment, par un mélange de fermeté et de prudence, de persévérance et de sagesse, qui paralysèrent les impulsions de la haine et de la vengeance, il répondit dignement alors à la confiance du monarque, aux vœux publics ; maintint à Paris la dignité de la France au sein des revers, obtint à Aix-la-Chapelle l’affranchissement de son territoire : ils diront enfin, comment, pendant ses deux ministères, pendant le cours entier de sa carrière publique, il ne