Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/34

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il fut appelé, ne consentit à les remplir que par un dévouement, je dirais presque une sorte de résignation, dont le désir de servir le roi et son pays pouvait seul le rendre capable ; il y sacrifiait tous ses goûts personnels ; on doit le remarquer pour l’honneur de la morale. Ce fut surtout à son caractère privé, qu’il dut l’influence qu’il exerça comme homme public ; on se confiait à sa parole comme à un traité solennel ; la déférence qu’il obtenait, était celle que commande la vertu ; il transporta sur la grande scène des affaires et du monde, cette rectitude du jugement et du cœur qui caractérise, dans les rapports ordinaires de la vie, les hommes de sens et les hommes de bien. Tout en lui était pur, et c’est pourquoi tout en lui est naturellement noble et honorable. Étranger aux partis, ou plutôt supérieur à tout esprit de parti, on put croire quelquefois qu’il appartenait à un autre tems de l’histoire, tant son ame était libre des passions qui agitent le nôtre Ces passions elles-mêmes reconnaissaient en lui un médiateur, et respectèrent toujours sa personne, alors même qu’elles ne purent souscrire à ses vues. M. le duc de Richelieu éprouva, dès sa jeunesse, un goût prononcé pour toutes les études utiles. À l’époque de la révolution il voyageait dans l’étranger, pour acquérir de nouveaux moyens d’instruction ; nous avons vu à cette époque, dans les mains de son ancien instituteur, M. l’abbé Labdan, une correspondance de lui, qui attestait, avec les belles qualités de son ame, l’heureuse direction de son esprit. On sait que parmi les établissemens qu’il a formés en Crimée, il n’en est aucun auquel il ait donné plus de soins, que