Page:Kant - Anthropologie.djvu/187

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tans et des crieurs de foires, très préjudiciable aux progrès de la culture scientifique et morale, lorsque, d’un ton décidé et pareille à l’initié ou au potentat, elle tranche du haut de sa sagesse sur la religion, sur les situations politiques et la morale, et sait ainsi cacher sa pauvreté d’esprit. Que faire alors si ce n’est de rire, de continuer patiemment son travail avec soin, méthode et clarté, sans faire attention à ces jongleurs ?

§ LVIII.

Suivant la différence de la nationalité et du climat où il est né, le génie semble aussi porter en soi des germes originels particuliers, et se développer différemment. II. se montre davantage chez l’allemand dans la racine, chez l’italien dans la corolle, chez le français dans la fleur, et chez l’anglais dans le fruit. Il faut encore distinguer du génie, comme faculté. d’invention, l’esprit universel (qui embrasse les différentes espèces de sciences). Ce dernier genre d’esprit peut consister à savoir ce qui peut être appris ; c’est celui qui possède la connaissance historique de ce qui a été fait jusqu’ici dans toutes les sciences ; il est polyhistor, comme Jules-César Scaliger. L’autre genre d’esprit est moins remarquable par Y étendue de ce qu’il embrasse, que par le pouvoir qu’il possède de faire époque en tout ce qu’il entreprend (comme Newton, Leibniz). L’esprit architectonique, qui aperçoit méthodiquement l’ensemble de toutes les sciences