Page:Kant - Anthropologie.djvu/195

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séquence une jouissance vive, parce que le passage n’est pas remarqué. — Je souscris avec pleine conviction à ces propositions du comte Véri.

Explication par des exemples.

Pourquoi le jeu (surtout pour de l’argent) est-il si attrayant, et lorsqu’il n’est pas trop intéressé, la meilleure récréation après une longue contention de la pensée, et pourquoi ne se délasse-t-on que lentement en ne faisant rien? Parceque le jeu, c’est un état incessant de crainte et d’espérance alternatives. Le souper après le jeu est meilleur et plus appétissant. — Pourquoi les spectacles (tragédie et comédie) ont-ils tant de charmes? Parce que, dans tous, certaines difficultés, — agitations et embarras, — font passer de l’espérance à la joie, et qu’ainsi le jeu des passions contraires devient, à la fin de la pièce, un mouvement agréable de vie pour le spectateur, puisqu’il lui a causé un changement intérieur. — Pourquoi un roman finit-il par le mariage, et pourquoi est-il contraire aux règles de ce genre de composition, contraire au goût, d’y ajouter un volume de supplément (comme dans Fielding), qu’une main maladroite continue ainsi jusque dans le mariage? C’est que la jalousie, comme peine des amants, parmi les joies et les espfy rances, est avant le mariage un assaisonnement pour le lecteur, et dans le mariage un poison ; car, pour parler le langage des romans, « la fin des peines d’amour est la fin de l’amour même » (de l’amour