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DU GOUT. 207

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Du GOUT DE L'ART. Je ne considère ici que les arts de la parole, Yéfo* quence et la poésie, parce qu'ils appartiennent à une disposition de l'âme qui la porte immédiatement à agir, et trouve ainsi sa place dans une anthropologie pratique, où Ton cherche à connaître l'homme d'après ce qu'il convient qu'il fasse. On appelle esprit le principe vivifiant de l'âme par des idées, — Le goût est une simple faculté régulatrice· du jugement critique, en ce qui touche la forme, dans la Raison du divers par l'imagination, tandis que l'esprit est la facul-tié créatrice que possède la raison de donner à priori à l'imagination un modèle pour chaque forme. L'esprit crée des idées, le goût les soumet à la forme, suivant les lois de l'imagination productive, et devient ainsi la fkculté de former (fingendi) originalement (sans imiter). Une œuvre composée avec esprit et avec goût, peut en général s'appeler poétique; c'est un produit des beaux-arts. Il peut tomber sous les sens immédiatement par le moyen de la vue ou de l'ouïe, quelle que soit l'espèce d'art poétique {poe-tica in sensu lato) que l'art produit, que ce soit la peinture, Part des jardins, l'architecture ou la musique et l'art des vers (poetica in sensu stricto). Mais 1&poésie, par opposition à Y éloquence, ne diffère de celle-ci que par la subordination réciproque de l'entendement et de la sensibilité, en ce sens que la poésie est un jeu