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DU LUXE. 213

qui rend pauvre, et que la débauche en est une qui rend malade. La première, cependant, peut s'allier encore avec la culture progressive du peuple (dans l'art et la science) ; la seconde, rassasiée de jouissances, amène enfin le dégoût. Toutes deux sont plus vaines (de briller au dehors) qu'égoïstes ; la première veut se faire remarquer par l'élégance (comme aux bals et aux spectacles) et passer pour l'idéal du goût; la seconde par l'abondance et la variété qu'elle offre au sens du palais (le goût physique, comme, par exemple, au banquet d'un lord-maire). — C'est une question dont la solution serait ici déplacée, que de savoir si le gouvernement a le droit de restreindre par des lois ces deux sortes de dépenses. Mais les beaux-arts et les arts d'agrément, qui contribuent à l'affaiblissement du peuple, pour le rendre plus facile à gouverner, s'opposeraient au dessein qu'un gouvernement pourrait avoir d'introduire dans le pays une rudesse Spartiate. Un genre de vie convenable est la conformité du bien-être avec la sociabilité (avec le goût par conséquent). D'où l'on voit que le luxe est contraire à une conduite raisonnable, et que l'expression : « il sait vivre, » en parlant d'un homme opulent ou considérable, signifie l'habileté de son choix dans les jouissances sociales, jouissances qui comprennent la tempérance ^sobriété), rendent le plaisir doublement profitable, et n'en compromettent pas la durée. D'où Ton voit encore que le luxe, qui peut être reproché non pas à la vie domestique, mais seulement à