Page:Kant - Anthropologie.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA CRAINTE ET DU COURAGE. 225

pidité (force de vertu). Ne pas se laisser intimider par de légères provocations, ni par des railleries sarcas-tiques, aiguisées avec esprit, ce qui les rend d'autant plus dangereuses, lors surtout quelles roulent sur ce qui est honorable , mais au contraire poursuivre fermement sa marche, c'est là un courage moral que ne possèdent pas un grand nombre de ceux qui montrent de la bravoure dans un combat ou dans un duel. Gela • tient à la résolution de tenter quelque chose de commandé par le devoir, au risque même d'en être raillé, ce qui est un haut degré de courage, parce que Y attachement à l'honneur est inséparable de la vertu, et que celui qui est d'ailleurs suffisamment affermi contre la violence ne se sent cependant pas souvent au-dessus de la moquerie, lorsqu'on lui conteste, en ricanant, cette prétention à l'honneur. La contenance qui donne une apparence extérieure de courage en ne s'attribuant aucune estime en comparaison d'autrui, s'appelle assurance, par opposition à la timidité, espèce de crainte de ne pas paraître avantageusement aux yeux d'autrui. — L'assurance, comme juste confiance en soi-même, ne peut pas être blâmée. Mais cette autre assurance (1) dans le main-

Ci) Ce mot, en allemand, devrait s'écrire proprement Draeustig-*e*f, de Draeuen ou Drohen, et non Dreistigkeit, parce qne le ton on même la mine d'un tel homme fait penser aux autres qu'il pourrait aussi bien être grossier. C'est ainsi qu'on écrit liederlich pour luederlich, quoique le premier indique un homme malin, folâtre, mais pas intraitable et de bon cœur d'ailleurs; et le second, un homme repoussé, qui inspire aux autres de l'aversion (du mot