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316 DES CARACTÈRES.

les grands spectacles, les carnavals, les mascarades, le luxe des édifices publics, les peintures à l'huile ou en mosaïque, les antiquités romaines du grand style ; il aime à voir et à faire voir tout cela en grande compagnie. Ajoutons (si nous ne voulons pas oublier le plus distinctif) l'invention du change, de la banque et de la loterie. — Tel est le bon côté de l'Italien, comme aussi l'amour de la liberté que les gondoliers et les lazzaroni s'arrogent vis-à-vis des grands. Le mauvais côté, c'est de passer ensemble la journée dans des salles magnifiques, et la nuit seuls dans des nids à rats. Leurs conversations ressemblent à une bourse où la dame de la maison fait déposer à chacun quelque chose à dépenser, pour se communiquer les nouvelles du jour, sans du reste que l'amitié y soit pour rien. On arrive de la sorte à la nuit, qu'on passe à manger avec l'élite de la société du jour. — Mais ce qu'il y a de pire, c'est l'usage du couteau, les bandits; l'asile ouvert aux assassins dans les saintes cités libres, la négligence extrême de la police, etc.; vices moins imputables cependant au romain qu'à la nature bucé-phale de son gouvernement.— Ce sont là toutefois des imputations dont je ne puis répondre, dont l'Anglais, qui ne sait approuver d'autre constitution que celle de son pays, se fait généralement l'organe en tout lieu. 5 e Les Allemands passent pour avoir un bon caractère, pour être loyaux et amis de l'intérieur; qualités qui n'ont rien de bien brillant. — L'Allemand est, de tous les peuples civilisés, celui qui est le plus facilement et le plus constamment gouvernable; il est en-