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CARACTÈRE DE L ESPÈCE. 337

notre espèce, aussi bien que le besoin de passer du grossier état de nature à l'état social, comme un mécanisme de la Providence, où les forces contraires se gênent l'une l'autre par le frottement, mais où cependant elles sont longtemps maintenues dans une marche régulière par le choc ou la direction d'autres mobiles. II. La liberté et les lois (qui limitent la liberté) sont les deux pivots autour desquels tourne la législation civile. — Mais pour que les lois fonctionnent réellement et ne soient pas une vaine recommandation, il faut une troisième chose, un moyen terme (i), un pouvoir qui, joint aux lois, rende ces principes féconds. — Or on peut concevoir plusieurs modes de combinaison entre le pouvoir, la liberté et les lois : A. Loi et liberté sans pouvoir (anarchie). B. Loi et pouvoir sans liberté (despotisme). C. Pouvoir sans liberté et sans loi (barbarie). D. Pouvoir avec loi et liberté (république). D'où l'on voit que la dernière combinaison est la seule qui mérite le nom de vraie constitution sociale. Il ne s'agit pas ici de l'une des trois formes politiques (la démocratie), car nous entendons seulement par république un état en général; et la vieille maxime : Salus civitatis ^non civium) suprema lex esto, ne signifie pas que le bien physique de la com-

(I) Par analogie au medim terminus dans le syllogisme, médius qui, joint an sujet et au prédicat du jugement, donne les quatre ûgures du syllogisme.

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