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Page:Kant - Anthropologie.djvu/455

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parties appropriée à une fin, et constante dans sa forme, aucune matière ne peut servir à l’âme d’organe immédiat. Peut-être votre belle découverte n’aurait donc pas encore atteint son but.

Un fluide est une matière fixe dont chaque partie peut être déplacée du lieu qu’elle occupe par l’effort le plus léger. Mais cette propriété semble répugner à la notion d’une matière organisée, que l’on conçoit comme une machine, par conséquent comme une matière fixe[1], qui résiste avec une certaine force au déplacement de ses parties (par conséquent aussi au changement de sa configuration interne). Or, concevoir cette eau en partie liquide, en partie solide (à peu près comme l’humeur cristalline dans l’œil), ce serait aussi aller en partie contre le but qu’on se proposerait en admettant cette propriété d’un organe immédiat de la sensibilité, tout en voulant expliquer la fonction de cet organe.

Qu’arriverait-il si, à la place d’une organisation mécanique, reposant sur une juxtaposition des parties pour la réalisation d’une certaine forme, je préférais une organisation dynamique, fondée sur des principes chimiques (comme l’organisation mécanique repose sur des principes mathématiques), de manière qu’elle pût subsister avec la fluidité de cette matière ? — La division mathématique d’un espace et de la matière qui l’occupe (par exemple de la cavité cérébrale et de l’eau qui la remplit) allant à l’infini, il en peut être de même de la division chimique comme division dynamique (séparation de matières différentes par la dissolution réciproque de leurs espèces) ; elle va également, autant que nous sachions, à l’indéfini (in indefinitum). — L’eau commune pure, regardée naguère encore comme un élément chimique, se trouve maintenant décomposée par des expériences pneumatiques en deux gaz d’espèce différente.

  1. Au fluide (fluidum) doit proprement être opposé le solide (rigidum), ainsi qu’Euler a coutume de le faire. Le vide est l’opposé du plein.