Page:Kant - Anthropologie.djvu/463

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décèle de l'immodestie, mais qui mérite d'être excusé s'il s'agit, non d'une expérience commune, mais d'une expérience ou d'une observation intérieure, que je dois d'abord avoir faite sur moi-même pour pouvoir soumettre au jugement des autres ce qu'ils n'auraient pas aperçu d'eux-mêmes et sans y être portés. —¦ Ce serait une prétention blâmable que de vouloir entretenir autrui de l'histoire intérieure du jeu de mes pensées, qui peuvent bien avoir une importance subjective (pour moi), mais qui n'en ont aucune objective (pour chacun). Mais si cette attention donnée à soi-même et l'observation -qui en résulte, ne sont pas des choses aussi communes, et que chacun puisse être appelé à s'en occuper; si d'ailleurs il s'agit d'un fait qui exige et mérite cette observation, on est dès lors pardonnable d'entretenir un peu les autres de ses sentiments privés.

Mais avant de hasarder de passer à l'exposition du résultat de mon observation de moi-même, au point de vue de la diététique, je dois encore faire une remarque sur la manière dont M. Hufeland pose le problème de la diététique, c'est-à-dire l'art de prévenir les maladies, par opposition à l'art de les guérir, à la thérapeutique.

Il l'appelle « l'art de prolonger la vie humaine. »

Il prend sa dénomination de ce que les hommes désirent le plus ardemment, quoique ce soit peut-être ce qu'il y a de moins désirable. Ils pourraient, à la vérité, faire deux souhaits en même temps, savoir : de vivre longtemps et en bonne santé; mais le dernier souhait n'est pas une condition indispensable du premier, qui est sans condition. Le malade à l'hôpital supporte la douleur et le dénûment pendant des années, et si on lui entend souhaiter souvent une prompte mort pour être délivré de la maladie, ne le croyez pas; il ne paile pas sérieuse-

L'observation de soi-même, qui se rapporte aux devoirs de chacun, celui qui parle ne s'exprime pas par je, mais par nous. Mais dans les récits des sentiments privés (dans la déclaration qu'un malade fait à son médecin), ou d'une expérience sur soi-même, il doit s'exprimer par je.