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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/154

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Marie-Aurore savait lui rendre la pareille ! Elle méprisait en sa belle-fille la modiste ignorante, l’aventurière immorale qui avait commencé ses ébats sur les tréteaux d’un petit théâtre et les avaient continués sur le théâtre de la guerre d’Italie ; elle ne pouvait oublier qu’avant de devenir la maîtresse de son fils. Sophie-Antoinette avait profité de la fortune d’un vieux général, et que sa fille Caroline était d’un père inconnu ; peut-être aussi savait-elle qu’il y avait eu un nouveau roman dans la vie de Sophie après la mort de Maurice Dupin. George Sand avance, mais vaguement, que tant que son père avait vécu, sa mère lui était restée fidèle, mais on peut déduire de sa correspondance inédite que Sophie, jusqu’à sa mort (elle mourut à soixante-dix ans), resta une femme légère, constamment occupée de fleurettes. Ceci soit dit en passant, mais cela explique suffisamment que Mme Dupin-mère ait déploré toute sa vie le choix que son fils avait fait d’une pareille compagne ; et lorsqu’elle avait eu à trancher la question de l’éducation de sa petite-fille, aurait-elle pu abandonner cette éducation à une personne aussi peu digne d’estime et même la livrer pendant quelque temps aux soins d’une telle mère ? Chez celle-ci, qu’aurait donc pu voir et entendre la petite Aurore ? La haine que Mme Dupin-mère avait pour Sophie, elle la reportait sur Caroline, et, tout en laissant Aurore jouer librement, à Nohant, avec Hippolyte, le bâtard de son fils, ce ne fut pas sans lutte, comme nous venons de le voir, qu’elle lui permit de fréquenter la fille naturelle de Sophie. Les conflits qui surgirent au sujet de Caroline ne furent pas les seuls dont la petite Aurore dut être témoin. Elle entendait tout et devinait confusément la différence qui existait entre sa position et celle de Caroline, et bien d’autres choses encore ! Ces impressions