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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/181

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CHAPITRE IV
(1817-1821)

Le couvent. — Diablerie. — Mysticisme. — Socialisme chrétien. — Les jésuites. — Molière au couvent. — 1820. — Crise morale : vie indépendante ; premiers romans ; éléments du caractère littéraire et individuel.

Le destin qui, jusque-là, avait donné à la future George Sand la possibilité de voir de près le grand monde, la petite bourgeoisie de Paris, les villageois, le brillant milieu militaire et la vie de campagne des troupes napoléoniennes, ouvrit alors devant elle les portes d’un monde qu’elle ignorait encore : le catholicisme, le christianisme avec ses vastes et poétiques horizons. La pauvre jeune fille, toute désespérée par les continuelles disputes de famille, trouva au couvent le repos extérieur, la possibilité de faire des études régulières, une société animée de jeunes compagnes de son âge, avec lesquelles elle pouvait folâtrer ou s’occuper sans mécontenter qui que ce fût. À son esprit fatigué par les doutes et les déchirements intérieurs, le cloître présentait des dogmes immuables et des convictions établies, consacrées par les siècles. Son pauvre cœur d’enfant, martyrisé par un amour humain vraiment déraisonnable, se trouva tout à coup au milieu d’un essaim d’êtres, jeunes et vieux, absorbés par la pensée de Dieu, cherchant dans l’amour