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socialiste dans le sens de la prédication de la charité, de l’amour actif envers Le prochain. Si elle a pris à cœur les doctrines de Lamennais, de Michel de Bourges et de Leroux, si elle s’en est enthousiasmée et leur a servi de porte-voix dans ses romans et ses articles, si elle a fondé des journaux et écrit des bulletins pour propager les idées de ses amis républicains elle ne se fit pas faute de les abandonner aussitôt qu’elle ne vit plus en eux que des rhéteurs de partis, qui oubliaient le peuple pour leurs propres intérêts (comme Michel de Bourges), ou qui, pour les réaliser, recouraient au poignard et à la baïonnette (comme les agitateurs de 1870), ou bien encore lorsque les intrigues et les querelles des partis leur faisaient oublier le bien général, le bonheur des masses, questions qui, pour George Sand, primaient toutes les théories sur les différentes formes de gouvernement. George Sand, nous le répétons, ne fut jamais un politicien. C’est là un point que ne voient ni les conservateurs qui lui font un crime d’avoir pris part au gouvernement provisoire, ni les libéraux qui la louent de sa ligne de conduite. Que les deux partis condamnent, s’ils le veulent, ce que nous avançons, nous nous en tenons à notre assertion ; elle ressort de toute la vie et de tout l’œuvre de George Sand. Les politiques, qu’ils soient conservateurs ou libéraux, sont des hommes, convaincus d’être seuls possesseurs de la vérité ; ils se croient le droit de persécuter les autres pour leurs erreurs ; dans l’un comme dans l’autre cas, ce sont des représentants d’une église militante, des adeptes de saint Pierre. Les socialistes sont des adeptes de saint Jean. George Sand professait le socialisme tel que l’entendait saint Jean : « Frères, aimez-vous les uns les autres. » L’Évangile de saint Jean, base de toutes les sectes sociales et chrétiennes du moyen âge, des