Aller au contenu

Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sincérité et de ses bonnes intentions. » George Sand nous donne, à ce propos, une analyse très intéressante de l’ordre des jésuites comme secte sapant en réalité la papauté, dont elle devrait être un support, conformément au but de sa fondation. Le jésuitisme renferme un principe de liberté individuelle rejetée par le catholicisme. Le catholicisme pris à la lettre est une négation de la vie, une préoccupation égoïste et personnelle du salut de soi-même. Les jésuites, au contraire, s’efforcent de concilier la foi avec les facultés et les inclinations et d’en faire une aide et un levier pour ramener à Dieu chaque individualité. George Sand n’oublie pas le revers de la médaille, la devise jésuitique : « La fin justifie les moyens », qui a amené de si grands abus ; mais elle conseille aussi de ne pas juger les institutions politiques et religieuses d’après leurs résultats, moins encore par leurs aberrations, ou il faudrait alors condamner le christianisme lui-même en le jugeant sur les atrocités de l’Inquisition et autres erreurs et malentendus semblables. Certains lecteurs seront, à coup sûr, complètement désenchantés en apprenant que George Sand s’est faite ainsi l’apologiste des jésuites. Quant à nous, nous ne pouvons que rendre justice à son impartialité et soutenir que, pour elle, du moins, le jésuitisme a été une institution bienfaisante. « Si l’abbé de Prémord eût été fanatique, écrit-elle, je serais morte à l’heure qu’il est, ou folle. » Quiconque connaît tant soit peu le triste sort des malheureux qui ont prononcé dans leur jeunesse des vœux trop précipités et se sont trouvés murés à tout jamais dans l’esclavage monastique, intolérable pour toute âme libre, ne trouvera certes rien d’exagéré dans ce que nous venons de dire. Le romancier italien, Verga, dans sa charmante et touchante nouvelle Capinera (Fauvette à tête noire) nous